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Suicide chez les jeunes et conditions de la naissance

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Michel Odent est obstétricien et directeur de recherche au centre de Santé Primale à Londres, auteur de nombreux ouvrages dont les plus connus sont « Votre bébé est le plus beau des mammifères », « l’amour scientifié », « Le fermier et l’accoucheur ». Précurseur des salles de naissance « comme à la maison » à la maternité de Pithiviers (45), il s’est très tôt intéressé à la manière dont les femmes accouchaient de manière instinctive, physiologique, au rôle des hormones de l’amour, et à l’accueil du nouveau-né. Il s’emploie à recueillir, croiser, analyser, des statistiques et des études sur la période primale ( de la conception jusqu’à un an après la naissance), et à les mettre en relation avec les conditions de vie et de santé des adultes. Son article qui m’a le plus marqué dans mon expérience de mère est « l’impact de la joie pendant la grossesse ». Quelle révélation! Mon bien-être, mon bonheur, pendant que je portais la vie étaient tellement essentiels! L’effet de la joie et de la sérénité sur la santé du bébé est merveilleux.

Dans un article en anglais, sur son site « WombEcology », ( « Ecologie de l’utérus ou de la matrice », la branche la plus essentielle de l’écologie humaine) il rapporte certaines de ses observations sur la situation de la naissance en Chine lors de ses  visites en 1977 puis en 2002. La Chine a aujourd’hui le taux de suicide chez les adolescents le plus élevé au monde. Les chiffres relatifs à la dépression nerveuse sont effrayants. Ce pays reflète d’ailleurs la tendance mondiale qui est l’augmentation du taux de suicide juvénile, de la dépression, de l’anxiété.

Lors de la première visite du professeur en 1977, la façon dont les Chinoises accouchaient avait déjà considérablement évolué, ainsi que l’accueil du bébé.  Même dans les villages: disparition des sages-femmes, unités d’obstétrique avec table d’accouchement à l’occidentale équipée d’étriers, taux de césariennes déjà assez élevé ( 40% en moyenne de nos jours dans la plupart des hôpitaux), pouponnières bondées de nouveaux-nés et alimentation au biberon, à la chaîne et à heure fixe, par une puéricultrice équipée d’un masque chirurgical.   »Je ne pouvais pas m’empêcher de penser à l’avenir de ces enfants. A peine nés, ils se devaient d’apprendre la résignation, le désespoir. Ils étaient manifestement en danger, en train de perdre cette impulsion interne, vitale, qui nous pousse à lutter pour survivre « .

Ces résultats peuvent être comparés avec ceux du Japon, ayant une culture qui présente des similarités avec la Chine. Hors, au Japon, le taux de césarienne est aussi bas que celui de la Hollande, et ces deux pays présentent des taux de suicide parmi les plus faibles de la planète. La Hollande a ceci d’unique, que 30% des naissances ont lieu à domicile, et que la plupart des naissances en structure se font avec une sage-femme indépendante. Lorsqu’une néerlandaise se découvre enceinte, son réflexe est de prendre rendez-vous avec une sage-femme, tout simplement. Autre comparaison qui nous concerne particulièrement: France vs Suède. Le taux de suicide est plus élevé en France malgré des latitudes plus favorables (température, ensoleillement).  Et le niveau de médicalisation de l’accouchement est également beaucoup plus élevé en France. Le taux d’allaitement maternel suit la même tendance.

Je me permets d’ajouter une remarque importante qui ne figure pas dans l’article « The future of suicide ». J’imagine bien les MM lectrices du blog culpabiliser si elles se sentent concernées par les conditions néfastes de naissance qui viennent d’être décrites. L’être humain a la capacité de s’adapter à des conditions défavorables, le baby blues est d’ailleurs un bon exemple de mécanisme d’adaptation. Les césariennes sauvent parfois la vie, et elles ne sont pas à remettre en question pour certaines. Michel Odent écrit d’ailleurs souvent qu’il s’agit d’un acte médical sûr et efficace, dont la technique est très bien maitrisée. Il est question dans son article de statistiques, qui concernent donc la population, mettent en évidence des tendances significatives, n’ont pas valeur de prédiction absolue, et ne doivent pas s’appliquer à un cas isolé.

Je me suis souvent demandée comment agir, comment enrayer cette tendance fâcheuse? Comment préserver mes filles, mes soeurs, mes amies? Le problème est qu’une prise de conscience politique est difficile: la façon dont les bébés naissent n’intéresse pas grand-monde, et son lien avec la santé de l’enfant et de l’adulte est encore un sujet tabou, rarement publié dans les revues scientifiques. Oser remettre en question les protocoles des services de maternité. Oser de surcroit les mettre en relation avec ces maladies qu’on peut simplement résumer à une « incapacité à s’aimer soi-même ». Pourtant les faits sont là. Inquiétants pour les générations futures. Michel Odent termine son article par cette question pleine d’auto-dérision et de bon sens: « can humanity survive obstetrics…? », « L’humanité survivra-t-elle à l’obstétrique…? »

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